Ni fleurs ni couronnes. Quand certains morts du Tour ont leur nom gravé dans une stèle, héros tombés au champ d’honneur, d’autres reposent dans la fosse commune. Depuis 1995, Fabio Casartelli dessine avec sa tête une pieuvre rouge sur l’asphalte du Portet-d’Aspet. En 1967, le Ventoux a changé Tom Simpson en rocher, comme le Vésuve a figé Pompéi. Ce sont les martyrs du Tour de France. Victimes tantôt d’une mauvaise glissade, tantôt d’une combustion sous le soleil, l’alcool et les petites pilules. Les autres morts brutales, comme celle de Francesco Cepeda, appartiennent au domaine de la statistique.
Francesco Cepeda, tué par un boyau
L'Espagnol fut, en 1935, le premier coureur tué en course. Soixante ans avant Casartelli, il chute dans la descente du Lautaret. Une vieille photo le montre qui essaie de repartir, poussé par des supporteurs. Tel Simpson, il s'écroule quelques mètres plus loin. Aussitôt, il faut frotter les traces de sang. Le lendemain matin, Francesco Cepeda est déclaré «hors de danger» par l'Auto, le quotidien qui patronne l'épreuve. Il succombe deux jours plus tard à la clinique de Grenoble.
Etouffée, l’affaire souille les organisateurs. L’accident a pour cause un matériel défectueux : de nouvelles jantes en duralumin fournies aux participants. Plus léger et plus rigide que le bois, cet alliage a l’inconvénient majeur de s’échauffer, d’où l’arrachage des pneumatiques - les boyaux. La température s’élève surto