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Van Der Schueren, ses coursiers et ses bœufs

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Le plus vieux directeur sportif du Tour observe avec flegme les transformations du cyclisme.
Hilaire Van Der Schueren, directeur sportif de l'équipe néerlandaise Vacansoleil: «Les coureurs m'appellent papa et, quand je leur parle de ceux qui lavaient leur linge il y a encore vingt ans, ils me regardent comme si je venais de Mars ou de Saturne.» (Photo Bas Czerwinski. AFP)
publié le 8 juillet 2013 à 21h06

Un jour, quand on videra les archives du vélo de la paperasse qui l'étouffe, on trouvera les cahiers à spirales laissés par le Belge Hilaire Van Der Schueren, le dernier directeur sportif éleveur de bovins. Ildirige l'équipe néerlandaise Vacansoleil, mais aussi un élevage «d'une vingtaine de bêtes à viande», au pied du mur de Grammont, sur la route du Tour de Flandres.

Point de bœuf, point de reconversion : «On ne sait jamais ce qui peut se passer dans le cyclisme», dit-il en clignant de l'œil. Avec Marc Madiot, il est le seul dans le peloton à savoir comment fonctionne un marché au cadran, à savoir combien vaut le kilo de porc et à toujours avoir une paire de bottes dans le coffre.

Linge. Les livres ne disent pas ce que fut le cyclisme qu'a connu Hilaire Van Der Schueren, 64 ans. Si on voulait fixer le point de départ du grand chambardement, ce ne serait pas l'apparition de la centrifugeuse et des coureurs qui se blottissent les uns contre les autres comme des bovins quand on leur parle de dopage, mais celui du surgissement de la machine à laver dans les camions des équipes au mitan des années 90. Hilaire n'est pas «nostalgique des années 80», mais pour lui, le vrai cyclisme est ce sport où le champion rentrait à l'hôtel et lavait «lui-même son maillot, son cuissard et ses socquettes». Joop Zoetemelk laissait tremper son linge dans la baignoire, passait au massage, puis frottait, essorait et faisait séc