Le doyen du Tour de France, 96 ans, ne fera pas le mur. Les organisateurs de la centième édition implorent sa visite ou un testament d’amour. Pour l’instant, Albert Bourlon se dérobe à ces danses du crépuscule. Honneurs tardifs et empruntés.
Bourlon, le Parti du vélo
Le modeste coureur fut longtemps un banni, d’abord de l’épreuve elle-même, puis de son panthéon, après une dernière apparition en 1947 et un exploit pourtant majuscule : 253 kilomètres d’échappée solitaire entre Carcassonne et Luchon. Personne n’a fait mieux que lui. Les concurrents du Tour 2013 ne pourront pas non plus le dépasser, avec une distance plafonnée à 242,5 kilomètres, dimanche, en direction du Ventoux.
Au bout de sa fugue, Albert Bourlon avait eu le temps de se doucher et de s’habiller de frais pour accueillir le peloton. Au départ, il voulait simplement arrondir ses fins de mois grâce aux primes distribuées en cours de route. Certains ont vu dans cette fuite quelque réminiscence de ses années de guerre : trois évasions ratées du Stalag, une cavale réussie avec une nage en eaux gelées pour rejoindre la Roumanie…
Albert Bourlon avait la croix de guerre. Mais il était communiste. Dans sa jeunesse, il appelait à la grève ses camarades des usines Renault. En 1947, l’évadé possédait toujours la carte du Parti. De quoi effrayer, peut-être, les patrons de l’épreuve. En tout cas, plus jamais le coureur rouge ne fut sélectionné. En marge de l’histoire et jusqu’aux fontaines à