Avec une moyenne de 45 km/h sur 218 km, un lendemain de contre-la-montre, le peloton a roulé hier plein pétrole. Victoire du grand Marcel Kittel (Argos), qui coiffe Cavendish (OmegaPharma) et Sagan (Cannondale). Kittel, trois victoires, coupe de cheveux années 50, peigne en celluloïd et tube de Pento. Au général, rien de changé. Froome le maillot jaune parlait hier d'«une étape stressante et il fallait quand même être devant». Interrogé sur cette puissance de 440 watts qu'il développerait, le rangeant parmi les détenteurs de tapis volant, Froome a répondu très posément que «effectivement, une telle puissance peut interroger». Comme on ne prête qu'aux riches, ça lui tombe dessus. Mais «cette puissance inhumaine n'est pas la mienne», assure-t-il.
Les suiveurs, le soulier de Cendrillon à la main, tentent de savoir à qui peut appartenir cette «puissance inhumaine». On aura compris qu'elle n'est pas chez Sky qui, en revanche, possède son peintre, son propre Turner. Rendre la grandeur inexplorée de la plus grande équipe du monde, voilà la tache que s'est fixée la grande plume du sport britannique David Walsh, l'homme qui, avec Pierre Ballester, publia il y a dix ans le premier volume exposant l'imposture de l'US Postal.
Le grand punisseur, poursuivi à son tour en justice par Armstrong, a enfin trouvé un sujet à sa hauteur : raconter de l'intérieur la Sky, ce qu'aucun suiveur ne saura écrire. «Ou ne voudrait écrire», dit fielleusement un