Pour un successeur annoncé du grand Eddy Merckx, c’est franchement la honte. Fons De Wolf s’est fait éjecter du Tour de France 1985 pour avoir raté l’heure du départ. Egaré sur les chemins de campagne ou confus dans son emploi du temps. La raison de cette faute magistrale reste inconnue. Quoi qu’il en soit, le coureur belge démarre le prologue avec cinq minutes de retard sur le planning établi. A l’arrivée, les juges prononcent le hors délais. La loi va bientôt changer et, pour une bévue identique, Pedro Delgado évitera l’expulsion en 1989. D’un claquement sec, l’histoire se referme sur De Wolf comme sur le dernier des idiots.
De Wolf, Flamand morose
L'enfant prodigue n'avait rien compris aux codes du milieu. Eblouissant vainqueur de Milan-San Remo en 1981, trois ans après la retraite du baron Merckx, il savoure à peine son triomphe et menace son préparateur de bidon : «Si je suis positif, je te tue !» Frôlé du sein par des nymphes suédoises, il résiste : «C'est joli, une belle femme, mais je n'ose pas.» De Wolf manquait de vice ou de tragique pour passer à la postérité. Après une carrière gâchée, il cumule les petits boulots, écrit des annonces mortuaires pour les pompes funèbres. La sienne fut rédigée depuis longtemps par les Flamands moroses. Un journal proclamait en 1984 : «De Wolf, c'est fini.» Il gagne pourtant son étape quelques jours plus tard. L'affaire du prologue réveille les fossoyeurs de champions. R