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TRIBUNE

Des sportifs à corps perdus

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Pour le philosophe Bernard Andrieu, les sportifs transforment les normes éthiques relatives au corps.
L'athlète sud-africaine Caster Semenya lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. (Photo Dylan Martinez. Reuters)
par Bernard Andrieu, Philosophe, professeur à la faculté du sport de Nancy, université de Lorraine.
publié le 14 juillet 2013 à 19h06

> Bernard Andrieu sera au Forum «Le corps, quel engin !» organisé par Libération à Montpellier les 8 et 9 novembre. Plus d’informations ici

Dans l’attente d’une nouvelle liste de dopés publiée par le Sénat et l’Assemblée nationale, ainsi que des résultats de la mission fair-play du député Thierry Braillard, la pureté du sport, sinon la purification du sport par élimination des excès (tricheurs, dopés, violeurs, harceleurs, racistes, transgenres, intersexués testostéronés, hooligans), entretient l’illusion d’une éthique à retrouver. Le corps serait perdu dans les usages excessifs du sport, au point que l’équité et la santé pourraient être garanties autour des frontières entre le licite et l’interdit, l’acceptable et l’inacceptable.

Depuis le drame du Heysel, la violence des hooligans a révélé les débordements des règles dans tous les domaines du sport : dopage sur le Tour de France, violence dans le football, harcèlement sexuel entre entraîneur et entraînées, révélation du dopage d’Etat en RDA, contestation de l’arbitrage, insultes racistes entre spectateurs et joueurs - et même entre joueurs eux-mêmes -, manque de fair-play, vente de joueurs mineurs, développement des lotos sportifs, matchs truqués, discrimination hommes-femmes et de tenue entre les athlètes femmes selon leur culture…

Pourtant, l’émergence des nouveaux corps sportifs révèle