Menu
Libération
Série

Maes, Cosson, Pereiro : tous dupés !

Article réservé aux abonnés
Le Tour de France 2013dossier
Les oubliés du Tour (6/6). Pour la 100e édition de l’épreuve, retour sur ses héros occultés.
publié le 18 juillet 2013 à 21h56

Afleur de sable, les vérités du Tour de France finissent par remonter comme des sarcophages. Entre les amulettes, il y a des restes d’hommes, de ces 15 000 cyclistes qui se sont succédé sur plus d’un siècle. Leur souvenir est trop désuet, trop triste ou pas assez, trop gai ou trop gênant, rétif aux valeurs de leur époque. Mais les coureurs les plus mal lotis sont ceux dont la gloire a été confisquée de leur vivant.

Sylvère Maes, le traquenard de 1937

En France, on raconte que Roger Lapébie a gagné le Tour 1937. En Belgique, on dit qu’il l’a extorqué à Sylvère Maes. Le braquage du maillot jaune fut une action collective, avec grappes de gangsters, foule complice et évasion par les égouts.

Dans la peau du commanditaire, une presse hexagonale ruisselante de chauvinisme. Premiers coups de burin : l’organisateur supprime les contre-la-montre par équipes, une spécialité des Belges. Puis, un télégramme offre 100 000 francs à Maes s’il renonce à ses ambitions.

Lapébie, entre-temps, remporte une étape tracté par une voiture. Dans les Pyrénées, les pénalités dont il écope compensent tout juste les aides indues qui lui ont permis de franchir les cols. Pour les Belges, l’ambiance est aux insultes, aux jets de pierres et de poivre moulu. L’opération «passage à niveau» est enclenchée. Sur la route de Bordeaux, aucun train ne circule, mais une barrière s’abaisse devant Maes. Le maillot jaune est distancé. En prime, il reçoit un malus de quinze secondes pou