Romain Barras, 33 ans, champion d’Europe du décathlon en 2010, n’a pas fait le voyage vers Moscou. Resté à Montpellier, il se remet avec patience d’une pubalgie tenace. Observateur à distance des Mondiaux 2013, où sa discipline débute samedi matin, le Français décrypte les secrets, les usages et la nature parfois ingrate des épreuves combinées.
Le décathlon, vocation ou résultat d’un concours de circonstances ?
On ne naît pas décathlonien, on le devient. Par éducation. A la suite d’une formation dans un club d’athlétisme tourné vers la pluridisciplinarité. Mais, pour devenir décathlonien et le rester, il faut trouver une adéquation entre ses propres valeurs et celles de cette épreuve : l’humilité, la fraternité, le partage. Le décathlon n’est pas seulement une discipline, mais une aventure humaine.
Il existe un état d’esprit du décathlonien ?
Oui. Nous sommes les seuls à rester deux jours sur le stade avec les mêmes personnes. On discute, on échange, on s’encourage. Terminer un décathlon s’avère un tel combat, physique et psychologique, que le respect s’installe entre les athlètes. Un respect pour le vainqueur, mais aussi pour le dernier. La scène traditionnelle du tour d’honneur de tous les décathloniens, après la dernière épreuve, n’est pas du chiqué. Nous sommes des frères d’armes.
Opter pour cette discipline, est-ce une façon de ne pas choisir entre les épreuves ?
Un peu, oui. Moi, j’aime l’athlé dans son ensemble. J’aime courir, sauter et lancer. En allant vers le décathlon, je n’ai pas eu à choisir.
Certains athlètes optent-ils pour le décathlon par défaut, faute de trouver une épreuve où ils feraient la différence ?
Il suffit de regarder les performances d’aujourd’hui pour réaliser qu’un athlète moyen partout ne peut plus percer grâce au décathlon. Nous sommes rapides, forts, puissan