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Libération
Reportage

La perchiste Isinbayeva, générale des gaules

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L’athlète russe de 31 ans, multi-recordwoman, crée la surprise en remportant à domicile son troisième titre mondial, six ans après le précédent.
publié le 13 août 2013 à 22h26

Le vent a tourné au-dessus de Moscou. Il était temps. Montrée du doigt pour ne pas avoir su remplir les tribunes du stade Loujniki, même un dimanche, jour de la finale du 100 m, la Russie a trouvé la parade. En deux temps. Mardi matin, le pays a appelé sur la piste un «chauffeur de salle», sorte de clown habillé d’un bleu criard, censé réveiller un public jusque-là désespérément amorphe en hurlant dans son micro. Le soir, il a fait entrer la perchiste Yelena Isinbayeva. Et le miracle s’est produit. La «Tsarine», surnom un rien facile mais qu’elle n’a jamais renié, avait prévenu de son air mutin : les championnats du monde de Moscou ne seraient peut-être pas sa dernière sortie sur une piste, mais à coup sûr son ultime grand show à domicile.

Rebelote. Elle voulait y décrocher du ciel un troisième titre mondial à la perche, après ceux ramenés de Helsinki en 2005 et d'Osaka en 2007 - ce qui commençait à remonter à loin. Elle espérait retrouver des couleurs après une année olympique tout juste au-dessus de la moyenne (3e aux Jeux de Londres l'été dernier). Surtout, la Russe attendait de voir le stade tout entier retenir son souffle avant chacun de ses sauts, puis exploser de joie pour célébrer sa réussite. La jeune femme n'a jamais aimé l'ombre. La discrétion l'ennuie. Et il ne lui a jamais semblé déplacé de se donner en spectacle, surtout devant les siens, dans un stade moscovite. L'avant-veille, un seul saut lui avait été suffisan