Rarement un concours n’affiche une densité telle que celui de la finale du saut en hauteur masculin, prévue ce soir à Moscou. Autour des 2,40 m, le titre mondial se jouera sûrement entre le Qatari Mutaz Essa Barshim et l’Ukrainien Bohdan Bondarenko. Tous deux survolent la saison et pourraient à terme effacer le record (2,45 m) du mythique cubain au nom prédestiné : Javier Sotomayor.
Flash-back
Salamanque, terre d'apesanteur. Cinq années après avoir franchi 2,43 m sur le même sautoir, Javier Sotomayor se sent encore comme chez lui en plein désert espagnol. En cette fin d'après-midi de juillet 1993, le Cubain échoue une première fois à 2,45 m. Puis, il prend son temps. Le natif de Limonar se dirige vers sa zone d'impulsion, balaye supersticieusement les derniers éléments susceptibles de gêner sa course d'élan, avant de jeter un long regard sur la barre qu'il doit dompter. De retour à ses marques, un moment interminable de concentration s'ensuit. Sotomayor finit par déployer ses interminables jambes pour s'engager verticalement. La barre tremble mais ne tombe pas. Deux décennies de sauteurs plus tard, sa marque tient toujours. «Si on doit expliquer au profane ce que ce record représente, on lui dit que Javier Sotomayor a sauté 1 cm de plus que la hauteur d'un but de football», glisse avec sourire Stéphane Grelu, entraîneur des sauts au pôle espoirs d'Eaubonne.
Détente cubaine
L'île des Caraibes regorge continuellement d'athlètes doués pour les sauts. Sotomayor reste le plus connu avec Ivan Pedroso