A Moscou, l'équipe de France d'athlétisme a décroché du mât de cocagne trois médailles depuis le début des Mondiaux. René Auguin, lui, en est à deux. En argent, pour Renaud Lavillenie à la perche et Mélina Robert-Michon au disque. Les deux athlètes sont chez lui, au sens business du terme. René Auguin, 53 ans, fait profession d'agent. Le plus ancien du milieu. Le plus gros, surtout, au moins dans le paysage français : au dernier pointage, son cheptel compte une soixantaine de têtes. A quelques notables exceptions près (Mekhissi, Vicaut, Tamgho, Lesueur), l'équipe de France au grand complet.
«Cinéma». Drôle de parcours. A 12 ans, René Auguin est saisi par le virus de l'athlétisme. Dans un monde parfait, il aurait été athlète. Mais le talent l'oublie en chemin. «Je n'ai jamais dépassé un niveau modeste, abrège-t-il. Deux heures vingt-trois au marathon… Je me suis rattrapé en m'occupant des autres.»
A 20 ans, il devient président de club en banlieue parisienne. Dix ans plus tard, le hasard des rencontres l'amène à s'essayer au métier d'agent. A l'époque, une licence n'est pas nécessaire. René Auguin fonce. «Depuis, je mange, je dors et je respire athlétisme, dit-il. J'y ai sacrifié ma vie personnelle.»