La saison passée, on a raconté l'Olympique de Marseille comme une équipe vaillante, souvent chanceuse, s'imposant comme par effraction - 18 victoires par un but d'écart en Ligue 1 - pour terminer à la 2e place du championnat sur les talons du Paris-SG. Il suffisait d'additionner 1 + 1 : la volonté affichée par la direction du club de réduire la masse salariale, à laquelle s'ajoute une expression technique plutôt austère - tampons, rigueur, replacement, autant de lignes invisibles pour le profane. Va pour les méritants de la Ligue 1, pendants laborieux de la constellation parisienne : c'est l'histoire qui s'est écrite partout. Vainqueurs (2-0) d'Evian TG samedi, les Marseillais sont déjà aux avant-postes cette saison avec deux succès en deux matchs. Leur coach, Elie Baup, n'en a pas rajouté : «Les chiffres parlent pour nous.»
Et tout le monde s’apprête à ressortir l’histoire du vilain petit canard qui, à force de volonté, gagne des matchs. Et tout le monde aura tort : dans le meilleur des cas, cette histoire est un habillage grossier d’une réalité à la fois plus triviale et plus complexe. Plus triviale : si l’OM en est là, c’est forcément parce qu’il y a dans cette équipe des joueurs de grande classe. Si on compare poste pour poste avec l’effectif en or massif du Paris-SG, on est par exemple prêt à croire que quatre Phocéens sont supérieurs à leur vis-à-vis : le gardien Steve Mandanda (plutôt que Salvatore Sirigu), Rod Fanni (meilleur défenseur que Christop