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Libération
Interview

«Le président du CIO est comme le pape»

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Alors que le président du Comité international olympique doit céder son fauteuil, l'historien Patrick Clastres analyse l'anachronisme de l'institution et les défis qui attendent son successeur.
Jacques Rogge, successeur du très controversé Juan Antonio Samaranch, cèdera mardi sa place à la tête du CIO. Six candidats briguent sa succession. (PHoto Fabrice Coffrini. AFP)
publié le 6 septembre 2013 à 13h26

Mardi, Jacques Rogge passera la main à la tête du Comité international olympique après douze années de présidence. Auparavant, réunis à Buenos Aires, les olympiocrates auront désigné quelle ville, de Tokyo, Istanbul ou Madrid, accueillera les Jeux olympiques d'été en 2020 et auront sans doute décidé de renouveler le bail olympique de la lutte. Patrick Clastres (photo DR), historien, chercheur au Centre d'histoire de Sciences-Po, auteur de Jeux Olympiques, un siècle de passions (1) est un observateur critique de l'institution olympique. Il analyse l'anachronisme du CIO et décrypte les défis qui attendent le successeur de Rogge.

Dans quel état Jacques Rogge laisse-t-il le CIO à son successeur?

Il laisse une institution moins moribonde qu’il n’en a héritée, puisqu’à la fin de l’ère Samaranch, le CIO était très critiqué, notamment à cause de sa gestion des affaires de dopage, du scandale de corruption lié à l’attribution des Jeux à Salt Lake City. C’est aussi une institution plus discrète. Mais tout aussi efficace que sous Samaranch, car ce qu’on ne mesure pas, c’est le très haut niveau de recrutement de l’ensemble des cadres administratifs qui donnent une armature très solide au CIO. Les contrats avec les sponsors historiques ont été consolidés et d’autres ont été établis avec des nouveaux sponsors représentant les pays émergents. Ce n’est pas pour rien que les Jeux sont allés en Chine et qu’ils iront au Brésil. Rogge laisse donc une institution en très bonne santé administrative et financière.

A-t-il vraiment rompu avec l’ère Samaranch?

Tout dépend de quel point de vue on se pl