Loïck Peyron, détenteur du trophée Jules-Verne avec Banque populaire l'an passé, a participé à la Coupe de l'America avec Alinghien 2010 et Artemis cette année.
Comment expliquer la remontée des Américains ?
Tout se joue lorsqu'Oracle utilise son joker pour renvoyer la régate alors qu'ils sont dominés 8-1. En moins de vingt-quatre heures, ils se sont reconstruits, gagnant beaucoup en vitesse et en manœuvres. Je pense que ce stop était programmé pour intervenir au niveau des appendices et sur de petits détails. Ils ont aussi débarqué le tacticien John Kostecki, qui avait fait quelques petites bêtises, et fait entrer Ben Ainslie. Et le skippeur Jimmy Spithill n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est acculé.
Les Kiwis ont été pris à leur piège ?
Il y a deux ans, ils ont inventé la troisième dimension en faisant voler leur bateau. Pourtant, la jauge l'interdisait, notamment pour réduire les budgets. Elle limitait la surface horizontale des foils, un peu comme si on rognait les ailes d'un oiseau. Les Kiwis ont trouvé un vice de forme dans le règlement, pour développer leur technologie. Puis Oracle s'en est inspiré et a encore mieux fait.
Quel rapport avec la bataille juridique après l’accident mortel, en mai, d’Andrew Simpson sur Artemis, avant la Coupe Louis Vuitton (course qualificative pour la Coupe de l’America) ?
C’est lié. Ian Murray, le directeur de course, a imposé des mesures de sécurité, dont l’abrogation d’une taille minimale pour les porteurs horizontaux des safrans. Cette abrogation allait immédiatement devenir un avantage pour ceux qui, comme les Américains, n’avaient pas anticipé sur la position de leurs safrans.
Cette abrogation a finalement été refusée, et Oracle a mis du temps pour revenir au niveau…
J'ai été surpris, au début, du manque de performance des Américains, surtout