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Fifa-ONU : 209-193

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La Fédération internationale et les Nations unies ne recensent pas le même nombre de pays. Le monde du sport serait-il plus universel que les institutions supranationales ?
L'atol de Funafuti, en février 2004. (Photo Torsten Blackwood. AFP)
par Loïc Ravenel, Centre international d’étude du sport (Neufchâtel, Suisse), coauteur de l’«Atlas du sport mondial» (Autrement).
publié le 3 octobre 2013 à 19h06
(mis à jour le 4 octobre 2013 à 10h16)

La Fédération internationale de football association (Fifa) compte plus de «pays» affiliés que la principale organisation politique mondiale. Existerait-t-il une plus grande universalité du sport par rapport au politique ? Une victoire des valeurs universelles glorifiées par les institutions sportives ?

Rappelons d’abord que la Fifa est bien plus ancienne que l’ONU : elle naît en 1904 de la réunion de sept fédérations européennes déjà constituées. Son but est de fédérer un football international encore balbutiant autour de règles communes concernant le jeu et son organisation. Ce besoin unificateur est intrinsèque à la compétition sportive car les adversaires doivent jouer ensemble, selon les mêmes modalités.

La Fifa, comme le Comité international olympique né une décennie plus tôt, se veut un mouvement apolitique, indépendant des pouvoirs en place, autonome dans sa capacité à reconnaître ses membres. Dès l'origine, les nations britanniques ou «home nations» (Angleterre, Pays-de-Galles, Ecosse, Irlande) sont acceptées sans qu'elles aient leur autonomie politique. La Bohême sera aussi provisoirement admise, bien qu'intégrée au sein de l'Empire austro-hongrois.

Décolonisation. Ce premier écart, s'il dénote de l'autonomie du sport, n'en pose pas moins la question plus complexe de la notion d'Etat ; car, avec la référence à l'ONU créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c'est la reconnaissance politique d'un territoire qui est