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Libération
Interview

«Ils doivent contribuer à l’effort national»

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Didier Primault, économiste du sport à Limoges, revient sur l’attitude des clubs face à la taxe :
publié le 24 octobre 2013 à 20h56

Didier Primault est économiste au Centre du droit et de l’économie du sport, à l’université de Limoges.

Les clubs français sont-ils, comme ils le prétendent, à l’agonie ?

Ils ne sont pas au mieux: pour la saison 2011-2012, 60 millions d’euros de déficit en L1, 108 millions avec la L2, ce qui fait, je crois, la cinquième année consécutive de déficit. Pour le résultat d’exploitation avant transferts, c’est pire : 333 millions de déficit cumulé L1/L2. Les clubs de L1 le ramènent à 60 millions car ils ont tendance à bien vendre leurs joueurs. Ils sont assez fragiles, mais ils vont mieux que les clubs italiens ou espagnols.

La taxe à 75% n’a rien à voir dans cette situation. N’y-a-t-il pas plutôt un problème de gouvernance européenne ?

Bien sûr. Et on ne peut pas accuser la Ligue française de laxisme : elle est, avec l’allemande, une des plus exigeantes. Simplement, les clubs dépensent plus qu’ils ne gagnent. L’UEFA met en place cette saison, pour la première fois, le «fair-play financier» qui interdit de dépenser plus que ce qu’on gagne par l’activité issue directement du foot. Il faudra des années pour l’installer.

Et le PSG a déjà prévu de le contourner : la Qatar Tourism Authority lui verse 200 millions d’euros par an, officiellement pour améliorer l’image du Qatar. On est loin des revenus du foot…

L’intéressant sera justement de voir comment l’UEFA analysera cela au regard du «fair-play financier».

Les clubs français ont-ils des vraies raisons de râler ?

Ils sont plus exposés que dans d’autres sports : ils salarient leurs joueurs, alors que les tennismen - travailleurs indépendants - s’installent dans des pays plus souples en matière fiscale. En foot, on ne peut pas s’échapper comme ça. Mais il n’y aura personne pour penser que les clubs ne doivent pas contribuer à l’effort national.

La taxe à 75% est limitée à 5% du chiffre d’affaires. Si bien que le Paris-SG ne payerait que 20 millions, au lieu de 40 millions. Paradoxalement, elle profite aux riches ?

Effectivement, ce système favorise ceux qui ont une grosse ardoise et le plus de moyens pour la régler.

Les clubs se plaignent de payer à la place des joueurs…

Oui, mais pou