Petit matin au sommet du Brévent, pyramide rocheuse face au mont Blanc, accessible par téléphérique. Géraldine Fasnacht est immobile au bord du gouffre : 1 500 mètres plus bas, Chamonix. Soudain, d'une impulsion décidée, la jeune Suisse se jette dans le vide. Les touristes attroupés derrière la barrière du promontoire retiennent leur souffle. Les grimpeurs engagés en contrebas dans les voies d'escalade accédant au sommet ont à peine le temps d'apercevoir le corps qui tombe comme une pierre à quelques mètres d'eux, dans un «whouffff» saisissant.
Géraldine écarte les bras, les jambes, son étrange combinaison se gonfle comme une voile. Elle s'appuie littéralement sur l'air ; sa ligne de chute s'écarte de la falaise et des éboulis qui lui succèdent. Virant sur l'aile à 170 km/heure, elle passe sous la cabine montant au Brévent d'où s'échappe une clameur d'effroi. Après une minute de vol, à quelques centaines de mètres du fond de la vallée, Géraldine ouvre son parachute et se pose dans l'herbe, vidée mais radieuse. «Au moment du saut, j'ai le même papillon dans le ventre qu'en ski freeride de haut niveau, expliquera la jeune femme. L'adrénaline et le plaisir sont les mêmes, la tension aussi : je n'ai pas le droit à l'erreur.»
De 7 220 mètres, face à l’Everest
Géraldine Fasnacht est base jumper, comme les douze hommes et femmes venus ce matin-là au Brévent. Ce site de saut - ouvert récemment, d'accès aisé mais très technique - est pratiquable uniquement grâce à cette combinaison dérivante