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Zahir Belounis, footballeur en servage et ex-otage du Qatar

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Parti chercher fortune en 2007, le joueur a déchanté l’an dernier, quand il s’est retrouvé retenu par l’émirat. Il a finalement pu rentrer en France jeudi.
Le footballeur Zahir Belounis à Paris, mardi. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 3 décembre 2013 à 19h36

Il a été pendant plus d'un an une sorte de «prisonnier du travail» au Qatar. Homme marqué, Zahir Belounis, 33 ans, dit qu'il ne s'est libéré qu'en acceptant à contrecœur de signer une lettre de licenciement antidatée. Mais le footballeur est prêt pour la contre-attaque, qui passera par la justice française. «Zahir a renoncé à une partie de ses salaires, entre 120 000 et 150 000 euros, et, en contrepartie, il a obtenu un visa de sortie. En France, ce chantage est constitutif d'un délit pénal qui s'appelle l'extorsion de fonds», affirmait hier son avocat, Me Frank Berton.

Belounis va donc déposer plainte à Paris dans quelques jours pour «extorsion de fonds aggravée, escroquerie, travail dans des conditions inhumaines». Avec l'espoir de se servir du football pour mettre à bas le système moyenâgeux de la kafala, un servage par lequel tout étranger travaillant au Qatar est la quasi-propriété d'un «sponsor», personne privée ou entreprise, qui, en cas de litige, peut l'empêcher de sortir du pays tant qu'il ne renonce pas à ses droits.

«Evasion». «On ne fait pas un procès au Qatar, dit Me Berton. Mais des règles de droit sont bafouées. Des pratiques et comportements doivent être dénoncés, même si ça ennuie parce qu'il y a des investissements qataris en France, et même si, parmi les personnes visées, figurent des membres de la famille royale», dont peut-être le frère de l'émir, cheikh Joaan