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Libération

Rugby : la réconciliation à l’épreuve du terrain

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En 1995, lors de la Coupe du monde, l’unité prônée par Mandela a su fédérer les joueurs et la nation.
publié le 6 décembre 2013 à 20h16

Le 24 juin 1995, Nelson Mandela a offert à son pays l’image indépassable de la réconciliation : lui-même dans le maillot vert bouteille de la sélection sud-africaine remettant la coupe du monde de rugby au capitaine des Springboks, François Pienaar, après le succès (15-12 après prolongation) contre la Nouvelle-Zélande en finale.

Le maillot Springbok, c'est alors celui de l'ennemi : l'emblème afrikaner, à la fois le symbole d'une communauté blanche repliée sur elle-même et la manifestation orgueilleuse et violente - l'agressivité no limit a toujours été la marque du rugby sud-africain - de colons qui ont construit leur histoire sur l'idée de domination. Six semaines plus tôt, les internationaux sud-africains menés par Pienaar avaient visité la prison de Robben Island, où Mandela a passé dix-huit ans. «Cette visite a introduit une notion inconnue dans le sport de ce pays : celle de l'unité, a déclaré l'homme d'Etat en 1995 dans l'Equipe. N'oubliez pas que les joueurs chantaient avant les matchs Shosholoza, que je chantais quand je me battais pour la liberté.» Sur la finale : «Je suis allé dans le vestiaire avant le match. Je leur ai simplement dit : "Vous devez vous souvenir que tout le pays est derrière vous." Ça suffisait pour qu'ils comprennent que leur victoire pouvait unifier le pays. La victoire fut un très grand moment pour toute la nation. J'étais vraiment ému, comme on est ému devant ses enfants.» Si la sélection comptait al