Entendu dans un tram une bonne heure après la défaite (1-2) du FC Nantes Atlantique samedi à La Beaujoire devant le Toulouse FC ; un type habillé en jaune et vert au téléphone : «Marie, elle m'a cassé les couilles, Régis m'a cassé les couilles et là, tu me casses les couilles. Et en plus, ce soir, on a perdu. Et ça me casse vraiment les couilles.» Ainsi va le foot français vu par ceux qui le regardent : périphérique et secret.
On jouait la 25e minute de jeu quand un groupe de supporteurs ultras toulousains, les Indians, ont rejoint d'autres supporteurs des Violets dans le quart de virage dévolu à l'équipe visiteuse. Ça a tapé direct. Vingt supporteurs d'un côté, trente de l'autre ; une bataille rangée extrêmement violente, des coups de godasses sur des mecs au sol. Les CRS sont intervenus pour sortir cinq gars de la baston.
Les autres ont arrêté de se battre quatre minutes, puis ont remis ça. Les CRS sont revenus : ils en ont pris plein la gueule. Gaz lacrymo. On aura compris qu’il n’y avait ni agressés, ni agresseurs : les deux groupes s’étaient donné rendez-vous. Les Indians ont gagné : ce sont les premiers arrivés qui ont été exfiltrés vers le haut de la tribune. Du coup, les ultras toulousains ont sorti un grand drapeau avec le visage de Brice Taton, sauvagement assassiné à 28 ans par des supporteurs serbes en marge d’un match du TFC à Belgrade en septembre 2009. Le supportérisme a les mythes qu’il mérite : à la fois undergrounds et dévoyés, comme si l’