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portrait

Ueli Steck, éclair de lucidité

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A 37 ans, l’alpiniste suisse, adepte du «speed climbing», vient de gravir la face sud de l’Annapurna en solo et en vingt-huit heures.
Ueli Steck, alpiniste suisse de 37 ans, en marge des Rencontres du cinéma de Montagne au Summum de Grenoble le lundi 18 novembre 2013. Alpiniste d'exception, Ueli Steck est photographié 3 semaines après son ascension en solitaire de la face sud de l'Annapurna. COMMANDE 20131391 (Photo Pierre Morel)
publié le 15 décembre 2013 à 17h06

Ueli Steck a le vertige. L'intrépide alpiniste qui dynamite les records de vitesse sur les parois les plus abruptes des Alpes ou de l'Himalaya, le météore suisse qui, à 37 ans, collectionne les solos éclairs à des altitudes vertigineuses, le confie sans détour. A peine arrivé à Grenoble pour les Rencontres du cinéma de montagne, et la projection de quelques images de l'ascension époustouflante qu'il vient d'accomplir en Himalaya, ce gabarit fluet mais affûté, aux grands yeux bleus, se dit «content», mais «pas heureux». Est-ce l'effet de la polémique qui a suivi son exploit ? Certains ont reproché au Suisse de n'avoir rapporté aucune photo de lui au sommet de la face sud de l'Annapurna, à 8 091 mètres d'altitude - qu'il a gravie, en solo, en seulement ving-huit heures -, et nimbent de doute cet exploit. Mais il s'en contrefiche. Il s'est expliqué : dans les pentes de glace, calé sur les pointes avant de ses crampons, ébranlé par une avalanche, il a lâché appareil photo et sur-gants pour s'arrimer à ses piolets. «Est-ce que j'aurais dû faire demi-tour parce que j'avais perdu mon appareil ?» interroge-t-il, lapidaire. Les grincheux semblent oublier que cet alpiniste hors normes a déjà accompli une performance sidérante en Himalaya : l'escalade éclair et en solitaire du Shishapangma, en 2011, à plus de 8 000 mètres d'altitude.

Non, ce qui oppresse Steck depuis son retour chez lui, à Interlaken, est un vertige intime, ce vide qui suit l'accomplissement d