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Yacine Bouaissa. Et la vie ? savate bien…

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Ce champion de boxe française très chorégraphique se double d’un policier mesuré et d’un geek fan de jeux de rôles.
Yacine Bouaissa, le mars 2014. (Samuel Kirszenbaum pour «Libération»)
par Pierre Jourde
publié le 19 mars 2014 à 18h36

Pour vraiment connaître Yacine Bouaissa, il faut regarder un de ses combats. Mieux, il faut l'affronter sur un ring. Vu de loin, c'est un danseur. Ses assauts sont des chorégraphies. Il saute, il tourne, il virevolte, il semble ne jamais toucher le sol, comme dans les films épiques chinois. On l'a surnommé «Coup de pied volant non identifié». La description que faisait Théophile Gautier des fameux frères Lecour, maîtres de savate au XIXe siècle, semble s'appliquer à lui : «On croirait plutôt assister à une leçon de voltige qu'à un combat. Les temps d'arrêt, les coups de pied exécutés par Lecour et son frère, sont aussi gracieux qu'un temps d'arabesque de Perrot, le merveilleux danseur. Les combattants, suspendus au milieu d'un tourbillon de bras et de jambes, semblent ne pas tenir à la terre.»

En assaut avec lui, on fait d’abord connaissance avec sa semelle, qui vient s’écraser sur votre nez sans que vous ayez vu d’où elle venait. Sa personnalité se déploie dans sa gestuelle, dans son attitude, dans son rapport à son adversaire et à ce corps en mouvement qu’il a travaillé comme on travaille à une œuvre d’art.

Le sourire ne le quitte pas. Non un sourire de défi ou d'ironie, mais un sourire de plaisir : celui d'être là, maintenant, dans la boxe. Là, il est heureux, et pleinement lui-même. La boxe est tout pour lui : une passion, une manière de vivre et de penser. Quand son accident de moto l'a contraint à arrêter, il en rêvait chaque nuit. Elle l'a sauvé dans