On en revient la tête pleine de scènes surréalistes et la rétine impressionnée d’images lumineuses : une silhouette au loin qui se faufile entre les dunes blondes de Merzouga, échappe au regard, réapparaît trottant dans un paysage grandiose écrasé de chaleur; un ruban sautillant et coloré qui s’éloigne dans l’oued, nimbé de volutes de vent et de sable ; il y a aussi les sombres pitons rocheux qui évoquent l’ouest américain, les fines crêtes de sables, les ruines de M’fis, village minier déserté, les mille et une couleurs du sable, ce nuancier délicat qui sculpte le paysage saharien, du doré au noir, de l’ocre au beige ; ou encore, cette improbable arche gonflable posée en plein désert, survolée par un hélico et entourée d’une escouade de 4 x 4 et de quelques chameaux… Quelques épisodes gores aussi : le charcutage d’ampoules sur des pieds meurtris par des dizaines et dizaines de kilomètres sur un sol bouillant, la perfusion installée d’urgence, au milieu de l’erg, pour ce coureur qui n’arrive plus à boire et vomit tout ce qu’il ingère. Le Marathon des sables est un prolifique fabricant de rêves et de sensations. Une parenthèse de sable pour des coureurs anonymes, mais aussi un défi sportif pour des sportifs d’élite.
Près de trente ans après sa création, cette course devenue mythique, garde la même fraîcheur que son fondateur, Patrick Bauer, ancien photographe, ancien organisateur de concerts folk et jazz, fou de musique et passionné par le Maroc. Mais alors que l’épreuve ne co