«Regardez, ce n'est pas beau ?» Béret sur la tête et sourire aux lèvres, Geraldo n'en n'est pas peu fier, de ce stade en construction à Itaquera, quartier populaire de São Paulo où va s'ouvrir le Mondial de football le 12 juin. Et pourtant, l'homme n'est pas un supporteur du Corinthians, le club auquel appartient l'arène. L'Itaquerão, comme on l'appelle, se dresse, futuriste, entre favelas et cités du populeux secteur est de la mégalopole brésilienne. Le vacarme des pelleteuses happe le visiteur dès la sortie du métro. L'inspection du travail a autorisé la reprise des travaux, paralysés après la mort, fin mars, d'un ouvrier, le troisième tué sur place - et le huitième sur une des douze arènes du Mondial. Le chef des inspecteurs a avoué que ses équipes fermaient les yeux sur des «irrégularités» pour ne pas retarder plus encore les travaux…
«Gringos». Les badauds s'arrêtent sur la passerelle qui conduit à l'enceinte. «Avant, c'était un terrain vague où erraient les "nóias" [surnom donné aux drogués, ndlr]», se souvient Geraldo. Qui se réjouit qu'Itaquera devienne «le centre du monde». Il indique aussi les travaux routiers et la gare en construction : ce quinquagénaire noir, vigile de son état, ne comprend pas «comment on peut être contre le Mondial».
Tout le monde ne partage pas son avis : la compétition est de plus en plus impopulaire. Les Brésiliens ne sont plus que 48% à appuyer sa tenue dans l