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portrait

Christophe Kerbrat. Je ne suis pas un héros

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Longtemps ouvrier et tennisman, ce défenseur de Guingamp sera en finale de Coupe de France contre Rennes, samedi.
Christophe Kerbrat. (Fabrice Picard/Vu (pour «Libération»))
publié le 1er mai 2014 à 18h06

L'En Avant Guingamp, qui rejouera face à Rennes l'éternelle opposition bretonne du foot des champs contre le foot des villes en finale de Coupe de France, s'avance avec son mât de cocagne. Le défenseur Christophe Kerbrat est son «menhir montant» (le Télégramme de Brest). Et c'est toujours sur ce numéro 29, indicatif du Finistère voisin, que le regard des Costarmoricains frissonnera, toutes les madeleines de Proust roulées dans la même crêpe au sarrasin.

Né à Brest, Kerbrat est l'identifiant local dans un monde dont les frontières ont explosé. Et plus encore un conte de fées, impensable tant la détection dans le foot est efficace et précoce. Quand le club des Côtes-d'Armor l'a appelé en 2011 pour lui proposer son premier contrat pro, le bonhomme a alors 25 ans (!) et une toute petite voix : «Là, je ne peux pas parler trop fort, je suis à mon travail, mais rappelez-moi ce soir.»

En gros, on tient un symbole. Celui du foot que raconte la presse quotidienne régionale mais qui n’a jamais voix de cité ailleurs, ou pour caricaturer. Kerbrat est un fantasme d’immobilité : le mérite, le terroir. C’est aussi une guerre des mondes : la superstar Ibrahimovic en a bavé contre lui comme jamais cette saison. Le rôle est d’ailleurs habité par Kerbrat à la perfection. Il a la dégaine impossible de celui qui se déplace sur le terrain comme s’il ne voulait pas faire de bruit, la détermination, une barbe de trois jours sur un visage taillé à la serpe, le regard clair, p