La librairie de Largos, sur les hauteurs du centre-ville de Rio, a rangé ses bouquins pour laisser place à la samba. Ça se bouscule. Pour atteindre la piste de danse, il faut glisser 10 réals (3,30 euros) dans une petite boîte en carton et jouer des coudes. Le bar affiche complet. Ici, la jeunesse danse, chante et boit. La Coupe du monde ? Elle n’existe pas encore.
Juliana, Camélia et Tamiche, étudiantes en psychologie, se posent sur des escaliers dans les petits jardins de la librairie : l'endroit idéal pour conclure après la danse. Elles causent de Sartre, Bourdieu et De Beauvoir. Le foot ? Camélia et Tamiche ne semblent pas intéressées. Juliana : «Je suis supportrice de Fluminense, comme toute ma famille.» Elle cite des joueurs, des anecdotes. Puis : «Au début, comme tous les Brésiliens, j'étais contente à l'idée de recevoir la "Copa". Mais au fil des mois, les choses ont changé. En fait, la Coupe du monde paraît plus belle dans les autres pays.»
Toujours les mêmes coupables : la Fifa et sa pression ; l’Etat et son argent gaspillé. Elles seront quand même devant la télévision pour soutenir la Seleção affronter la Croatie, jeudi soir (22 heures en France).
Macadam. Pour l'instant, au centre de Rio et au bord de la mer, l'engouement est surtout commercial. Le drapeau du Brésil flotte sur tous les taxis, les publicités s'affichent en grand dans le métro, les restaurants préparent leurs écrans géants et les vendeurs à la sa