Un, deux, trois coups. Les policiers du Choque, le bataillon antiémeutes de São Paulo, chargent les manifestants venus protester contre la Coupe du monde, dont le match d’ouverture doit se disputer dans quelques heures à l’Arena Corinthians, non loin de là. Les balles en caoutchouc sifflent. C’est la panique.
Les anti-Copa venaient tout juste de s’attrouper à quelques arrêts de métro du stade, vers lequel ils comptaient marcher, quand le Choque a fondu sur eux avec sa coutumière sauvagerie.
Convoquée sur Facebook par le collectif «Sans droits il n'y aura pas de Copa», la manifestation – des mobilisations similaires étaient également prévues dans neuf autres villes – était pourtant pacifique. La centaine de jeunes présents avait choisi de l'entamer justement en protestant contre la violence policière. «Assez d'allégresse ! La police tue du pauvre tous les jours !», entonnaient-ils.
Membre d'un collectif d'étudiants de gauche, Felipe a eu le temps d'expliquer pourquoi il est contre la Copa, avant de disparaître dans la cohue. Il dénonce pêle-mêle «les dépenses faramineuses engagées dans le tournoi, la spéculation immobilière qu'il a déchaînée, la mort de neuf ouvriers sur les chantiers des stades, les déplacements forcés de populations [pour faire passer les ouvrages routiers, ndlr], la priorité donnée aux profits de la Fifa, des sponsors, des banquiers»… Au pouvoir depuis onze ans, le Parti des travailleurs de Lula et de la présidente Dilma Rousseff «gouver