Mon projet, c'est le contrechamp de la Coupe. Un road-movie en camping-car, partant de Rio et passant par São Paulo et Brasília, pour raconter une exception brésilienne : les joueurs de foot qui ont un engagement politique et social, comme Socrates dans les années 80 et Afonsinho dans les années 60. Ce dernier a mené «la révolte des barbus» : il était de gauche, il avait des cheveux longs et une barbe, il a imposé sa révolte en négociant lui-même son transfert pour quitter Botafogo, où il était tricard pour ses idées. Aujourd'hui, le flambeau est repris par le collectif du Bom Senso FC, «le FC Bon Sens», qui a mené des actions symboliques sur les terrains pour notamment cogérer avec la fédération le calendrier, car au Brésil, on joue deux fois plus qu'en Europe.
J'ai assisté à la finale de la Coupe des favelas, à la favela Providencia, à Rio de Janeiro. Il y avait surtout des militants et des journalistes étrangers… Victo, l'un des organisateurs, m'a dit : «La Coupe du monde n'est pas pour les Brésiliens. Je ne regarderai pas un match, j'ai d'autres choses à faire.» Mais la mobilisation des anti est assez difficile et ambivalente. A Rio, lors d'un meeting des opposants au Mondial, la Seleção disputait son dernier match de préparation contre la Serbi et, au milieu de la foule, une télévision retransmettait la rencontre… Les Brésiliens entendent les arguments sur les sommes dépensées, sur le manque d'argent pour l'éducation ou la santé, mais ça ne prend pas pl