Les téléspectateurs ayant suivi la cérémonie d’ouverture du Mondial, jeudi à São Paulo, n’ont rien vu et pour cause : la télé n’a pas voulu leur montrer l’irruption, dans la grand-messe du foot, de l’embarrassante «question indienne». Le coup d’éclat d’un Guarani de 13 ans qui a déployé une banderole revendiquant les droits territoriaux des Indiens a été censuré.
Wera Jeguaka Mirim était l'un des trois jeunes invités pour représenter les piliers de l'identité brésilienne : l'Indien, le Blanc et le Noir. Ils ont lâché des colombes, supposées représenter l'union entre les cultures du pays. Mais Wera a sorti une banderole, cachée dans son slip pour déjouer les règles de la Fifa interdisant toute manifestation politique sur les stades. On pouvait y lire «demarcação», réclamant la «démarcation» immédiate des territoires ancestraux des Indiens. Le message s'adressait surtout à la présidente Dilma Rousseff, installée en tribune d'honneur. Le nombre de réserves indiennes délimitées depuis son arrivée au pouvoir, en 2011, est le plus bas depuis 1985. La présidente est accusée de freiner le processus au profit des ruralistas, le lobby du secteur agricole, grand pourvoyeur de devises.
Si les études anthropologiques attestent les droits des Indiens sur leurs terres, dont ils ont été expulsés au fil des siècles, les agriculteurs détiennent parfois des titres de propriété. Le conflit fait chaque année son lot de morts. Jusqu’ici, les terres indiennes délimitées représenten