Même s'il y avait 80 000 spectateurs dans le stade et un millier de journalistes et de photographes, personne n'a vu la scène qui s'est déroulée à la cérémonie d'ouverture. Trois gamins, un Blanc, une Black et un indigène, représentant les trois communautés du Brésil, ont lâché une colombe. Alors qu'il quittait la pelouse, l'indien a sorti une banderole portant le mot «demarcação», «démarcation» (lire Libération de mercredi), qui symbolise le combat des Guaranis pour la sauvegarde et la délimitation de leurs territoires, rognés par la «civilisation».
J'ai voulu retrouver ce gamin. On a téléphoné à droite à gauche pour savoir d'où il venait. On a appris qu'à quatre heures de route de São Paulo, mégalopole de 20 millions d'habitants, vivaient des indiens guaranis. On y est allé. On s'est perdu, on était loin de tout, le téléphone ne passait pas. On est tombé sur deux tribus de 1 000 et 700 personnes installées dans une forêt très dense, au bord d'un lac, autour d'un barrage. On se serait cru en Amazonie. C'était trois jours après la cérémonie et à part nous, une journaliste du quotidien brésilien O Globo et une radio allemande, personne n'avait eu l'idée de partir à la recherche du gamin. Le sort des indigènes intéresse très peu de gens.
On est arrivé le soir. On est tombé sur des gens d'une hospitalité et d'une gentillesse incroyabl