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Libération
Billet

Cher Karim Benzema, je te félicite pour cet instantané d’inutilité

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publié le 24 juin 2014 à 20h06

Mon cher Karim, tu es l’auteur d’une œuvre étrange et d’autant plus grandiose qu’elle a échappé aux radars de la diffusion numérique exagérée qui nous sature de ses disséminations diverses et variées. Vendredi dernier, on en est aux dernières minutes de ce déjeuner de soleil réconciliateur auquel nous ont convié les Bleus. C’est un moment parfait de vivacité heureuse et de vélocité crémeuse. Turbineur, tu fais de la chantilly à toi seul, onctueux de la semelle, mousseux du redoublement de passes, sinueux de la fausse piste. Le Suisse en est réduit à se faire tout petit, même si sa Nati a le cœur vaste et la nationalité plus métissée que les votations cantonales.

La France mène déjà largement au score et le pays en est déjà rendu à porter en triomphe Deschamps et Hollande réunis, ce qui laisse rêveur sur son état d’ébriété euphorique strictement proportionné à ses râleries amères.

Le ballon passe par Moussa Sissoko qui randonne sur l’aile droite et transite en Colissimo vers ta centralité retrouvée. Et là, tandis que le sifflet de l’arbitre lance ses trilles castratrices, tu fermes les écoutilles et tu reprends d’instinct, rêveur de réalité augmentée, remixeur d’un geste cent fois imaginé, cent fois espéré.

Barbier barbu, c’est du plat du pied que tu savonnes l’espace d’une trajectoire gironde et chaloupée qui fait un peu penser à la praline de Zidane, un soir de finale gagnée par le Real Madrid.

Ta reprise vraiment pas volée est moins bluffante que celle de ton mentor et protect