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Libération

Le mythe du pays du football démonté

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Coupe du Monde de football 2014 au Brésildossier
publié le 27 juin 2014 à 19h16

Après São Paulo, je suis allé à Ribeirão Preto, où se trouve le camp de base des Bleus. J’ai assisté à une de leurs conférences de presse, mais c’était surtout l’occasion, dans la ville dont il était originaire, de rendre hommage à Sócrates, parfait exemple de ces footballeurs brésiliens engagés politiquement, en allant boire un coup dans un bar où il avait ses habitudes. Pas sûr que les joueurs français sachent qu’ils séjournent dans sa ville natale.

Ensuite, direction Brasília. Y arriver en voiture, c’est un choc culturel par rapport aux villes traditionnelles brésiliennes. C’est une ville géométrique, dessinée à la main par des architectes et des urbanistes dans les années 50. Une ville qui symbolise la conquête vers l’Ouest qu’avait entreprise le Brésil. Une ville faite pour circuler en voiture, avec des immenses artères, dont l’une mène du Parlement au stade. Ça a un côté stalinien, ça évoque le centre de Varsovie. Un modernisme qui ne peut que fasciner, négativement ou positivement.

A Brasília, j’ai rencontré l’un des plus grands journalistes sportifs brésiliens, Juca Kfouri. L’étonnant, c’est qu’il est très politique. A 17 ans, il a rejoint le groupe de Carlos Marighella, qui combattait la dictature militaire. Devenu journaliste, il n’a rien renié de ses engagements, il était d’ailleurs très proche de Sócrates. Juca Kfouri m’a démonté le mythe du Brésil pays du football. Même si tout le monde joue sur la plage, les stades sont beaucoup moins fréquentés qu’en Angleterre,