Au coup de sifflet final, Carlos n'a plus tenu. Le supporteur qui, drapé dans la bannière colombienne, secouait un palmier l'instant d'avant, a lâché sa coupe en plastique et s'est effondré sur le goudron, en pleurs. «Ma Colombie en quart… Après tant de souffrances !»
Orgasmiques. Autour, sur la terrasse improvisée devant un petit bar de Carthagène (côte Nord de la Colombie), la pression n'avait fait que monter pendant les dernières minutes du match de samedi, qui a vu son pays éliminer l'Uruguay (2-0). Ce fut un carnaval de jets de bière et de mousse en bombe, un concert abrutissant de vuvuzelas, un festival d'ovations orgasmiques pour saluer chaque arrêt du gardien David Ospina, qui tient les cages de l'OGC Nice le reste de l'année.
Le port colonial s'était préparé, dès le matin, au rendez-vous «historique» - en cinq participations au Mondial, le pays n'avait jamais atteint les quarts. Les boutiques sortaient leurs écrans, les rues se coloraient du jaune du maillot national, porté par bébés et vieillards, commerçants et clochards. «Le maillot du prochain champion !» selon les vendeurs. Même le président, Juan Manuel Santos, venu la veille pour une cérémonie, avait enfilé le tee-shirt.
En ville, la police multipliait les contrôles et interdisait la circulation des motos, pour éviter les vols à la tire et les règlements de compte expéditifs. Pendant les célébrations des matchs de poules, une femme fut blessée au visage par