Vous avez vu ce qu’ils nous ont fait, vendredi ? Une journée sans foot ! Ah ben bravo. On nous injecte 48 matchs dans les veines pendant quinze jours, la drogue est bonne, et boum ! Quand on est définitivement accros, les dealers de la Fifa coupent le robinet. Pas totalement idiot, car certains frisaient l’overdose. Mais nous, on a cherché la clinique pour la cure de désintox.
Futée, la Fifa a rouvert la vanne dès le lendemain : maintenir le client en vie, tout en lui montrant que, sans sa dose, il est mort, c'est le b.a.-ba du narcobusiness. On reprend peinard notre schnouf quotidienne et voilà que ça s'interrompt : rien sur les écrans mercredi et jeudi, rien les dimanche et lundi suivants. Pire : après le 13 juillet, rideau, nada, la fin de l'addiction, ou plutôt le début du manque pour nous autres, camés du foot.
Ceci nous amène à philosopher. On peut être addict à son caniche, ses bonbons à la fraise, à Questions pour un champion, à des shoots d'héroïne, au soulèvement d'haltères, aux endives-jambon ou à la lecture des cours de la Bourse. L'addiction se soigne mais se guérit mal : il y a toujours un manque qui perdure - ce qui pousse à replonger, comme pour le foot. D'où l'angoisse. Bien sûr, les championnats nationaux reprendront bientôt, mais la Coupe du monde, ce n'est pas pareil : on vit scotché à la télé pendant quatre semaines et soudain, ça débranche. Paf ! Le trou noir dure quatre ans. Sans prévention ni cellule de suivi psychologique.
Pourtant, on