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Cyclisme africain : à qui le Tour ?

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L’Erythréen Natnael Berhane a raté de peu, fin juin, le titre de premier Noir africain en lice dans la Grande Boucle. Un destin qui met en lumière les relations de la course française avec le continent, émaillées de «malentendus».
Natnael Berhane en mars 2013 au siège de l'équipe Europcar. (Photo Théophile Trossat pour Libération.)
publié le 2 juillet 2014 à 18h06

Natnael Berhane, 23 ans, érythréen, était en excellente position, fin juin, pour intégrer le Team Europcar, l'une des 22 équipes engagées sur le Tour de France 2014, qui s'ouvre ce samedi. Six mois plus tôt, son manager sportif, le Français Jean-René Bernaudeau, lui avait glissé, les joues ruisselantes et la voix cassée : «T'imagines l'histoire ?» Berhane venait de battre un régiment de coureurs européens sur la plus grande épreuve d'Afrique, la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon, là même où il s'était fait repérer en 2011 par son futur patron. Massée sur le parcours, perchée jusqu'en haut des lampadaires, la foule avait accouru pour porter en triomphe ce lauréat venu de l'est du continent : le premier cycliste noir ressortissant d'un Etat africain, triomphateur des Blancs.

«T'imagines l'histoire ?» Bernaudeau en a senti le souffle, de cette histoire. La grande avec ses effusions de marbre, comme la petite qui se fabrique chez des as du marketing. Le 5 juillet, au départ du Yorkshire, en Grande-Bretagne, le Team Europcar aurait pu lancer, au côté de son leader vedette, Thomas Voeckler, le premier Noir africain courant le Tour de France. Las, début juin, sur le Critérium du Dauphiné, Berhane était à la dérive. Englué peut-être dans un de ces «malentendus» dont regorge l'histoire des relations entre cyclismes européen et africain. Pensant alléger la pression que faisait peser la perspective historique d'être «le premier», ses directeurs sportifs l'avaient encour