Il fallait les voir hier soir au Maracana, épanouis et discrets, exultant d’une douce félicité, sans arrogance aucune, compatissants pour l’adversaire, simplement heureux dans leur bonheur vainqueur.
Les joueurs allemands avaient fait venir sur la pelouse femmes et compagnes, blondes pas trop pouffes ce qui chez les femmes-foot n’est pas gagné d’avance. Elles siestaient dans leurs bras, séchaient leurs larmes de joie ou, étrangement, s’asseyaient à leur flanc quand ils restaient étendus incrédules sur le gazon, les yeux fixés sur l’inaccessible étoile à laquelle ils venaient d’accrocher leur charrue. Il y avait aussi leurs petits mouflets vêtus à l’identique qui donnaient à ce moment des familiarités de déjeuner sur l’herbe et de barbecues trendy, sans bratwursts lourdaudes, ni bières de tradition.
Et l’on s’est surpris à envier le vieil, très vieil ennemi, le militaire et le sportif, l’européen et l’économique, celui des guerres passées et des défaites continuées. On s’est surpris, en cette nuit de 14 juillet, à chasser le clou d’une pointe de jalousie envers ce frontalier à qui tout réussit et qui se permet de ne pas trop en faire, de ne pas vraiment la ramener.
On a même apprécié jusqu’aux maladresses d’attitude de tante Angela, vacillante et embarrassée dans l’accolade avec ces jeunes hommes rayonnants de gloire transpirante. Veste orange et pantalon blanc, elle était loin la manieuse de règle d’or, tapant sur les doigts des mauvais élèves du 3 % de déficit. Vous me direz q