S
ous les arbres d'un ancien pavillon de chasse XVIIe où Edgar Faure avait ses habitudes, Romain Bardet se repose. En cette fin d'après-midi jurassien où l'été prend enfin ses aises, sa voix est sûre, mais il ne fanfaronne pas. Le jeunot qui sait tout ce qu'on attend de lui prévient d'emblée : «Pas d'emballement excessif. On verra après les Alpes.» Mais à l'intérieur, ça bout. Il a fallu le freiner, l'autre jour, pour qu'il ne parte pas dans une échappée. «Pour l'instant, on a été plutôt prudents. Je n'ai pas fait d'efforts excessifs», corrige-t-il.
Enchanteur. A ses côtés, l'autre leader d'AG2R, Jean-Christophe Péraud, dit «Jicé», plus expérimenté, joue plus franco : «On était tous sur la défensive jusqu'à la Planche des Belles Filles [lundi]. Maintenant, c'est l'attaque. Si on veut gagner chacun sa place au général, ça passe forcément par l'attaque.»
En ce mardi de repos, dans l'hôtel enchanteur du Château de Germigney, à Port-Lesney, AG2R savoure son parcours inattendu. Elle compte deux coursiers dans les dix premiers (Bardet 4e, Péraud 8e), Bardet a le maillot blanc de meilleur jeune et AG2R mène le classement général par équipes, devant les Astana du maillot jaune Nibali. Avec la victoire de Blel Kadri samedi à Gérardmer, les coureurs de Vincent Lavenue ont déjà presque réussi leur Tour. «Le bilan est meilleur que ce qu'on était venu chercher, opine le directeur sportif. A