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Libération
TRIBUNE

Foot: contre la Goal Line Technology

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Coupe du Monde de football 2014 au Brésildossier
La technologie sur la ligne de but, tant vantée par la Fédération internationale de foot, n'est qu'un gadget tape-à-l'œil et inutile, déconnecté de l'esprit du jeu.
La première et cafouilleuse utilisation de la GLT pendant le Mondial, à l'occasion de France-Honduras. (Juan Barreto. AFP)
par Jacques Blociszewski, auteur de «Le match de football télévisé»
publié le 15 juillet 2014 à 17h22
Quelque chose qui est vu par des centaines de millions de téléspectateurs a-t-il une existence ? On pourrait en douter après avoir assisté lors de France-Honduras du 15 juin au premier but jamais validé par la Goal Line Technology (GLT) en compétition internationale. L’action française ponctuée d’un beau tir de Benzema fut suivie d’une inextricable confusion, tant dans le stade qu’à l’écran. La raison ? Un mauvais affichage du verdict de la GLT, technique censée vérifier si le ballon a franchi la ligne ou non.
A Porto Alegre, pour un coup d’essai, ce fut un véritable coup de maître, un cas d’école ! Après que l’arbitre brésilien Sandro Ricci avait validé le but, tout le monde était revenu au centre et les congratulations s’étaient déroulées en bonne et due forme. Le cirque techno a alors commencé.

Sur TF1, à la vue des ralentis, Christian Jeanpierre, jusque-là affirmatif quant à la validité du but français, est soudain pris d’un doute, accompagné par Bixente Lizarazu, consultant. Le gardien hondurien Valladares cafouille en effet sa prise de la balle, qui a d’abord ricoché sur le poteau, et il la pousse vers son propre but. Mais l’image TV n’est en aucun cas formelle ; le ballon a-t-il intégralement franchi la ligne, comme le règlement l’exige ? Au vu des images, il semblerait plutôt que non.

Surviennent alors, sur nos écrans comme sur ceux (géants) du stade de Porto Alegre, les images provenant de la fameuse, infaillible et déjà réputée GLT. Après avoir vu les ralentis, Christian Jeanpierre n'est donc pas surpris, dans le stade – et nous non plus, chez nous — de voir apparaître sur son écran et sur les écrans géants du stade, affiché en images de synthèse, ce qu'il croit être le verdict : «No Goal». Deuil et consternation. Mais quelques secondes plus tard, surprise et hilarité: car cette fois c'est la mention «Goal» qui surgit !

Perplexité et indécision totale des commentateurs et consultants – les deux précédemment cités plus Arsène Wenger —, entre stupéfaction et fou rire (jaune).

L’entraîneur hondurien Suarez ricane en mettant le doigt sur sa tempe (traduction, au choix : «C’est fou !» ou «ils sont complètement cinglés»). Enorme bronca dans le stade, le public – plutôt pro hondurien – étant lui-même inévitablement écartelé entre les deux annonces contrad