Jean-Christophe Péraud est quelqu'un d'«étourdi», capable d'oublier ses «chaussures et son passeport» avant de partir disputer une course. L'anecdote est de Julien Jurdie, directeur sportif d'AG2R La Mondiale.
«Étourdi», Péraud l'est parfois une fois la ligne d'arrivée franchie. Ce mercredi, au sommet de Saint-Lary Plat d'Adet, le leader de la formation chambérienne a esquivé tous les journalistes qui l'attendaient pour recueillir ses impressions après une dernière montée idéale, qui l'a vu suivre le maillot jaune Vincenzo Nibali et distancer tous ses rivaux pour le podium du Tour (Valverde, Pinot, Van Garderen). Faisant fi des dizaines de personnes qui lui couraient après, il a dévalé la pente vers la vallée, sans un mot.
Le gaillard est parfois taciturne. Pas du genre à masquer sa mauvaise humeur, quand, épuisé au sommet d'un col, les questions – certes un peu bateau – ne le motivent pas. S'agace-t-il d'une trop grande place réservée à la nouvelle génération de grimpeurs français (Thibaut Pinot, Romain Bardet) qui crève l'écran sur ce Tour de France ? Car Péraud, 37 ans, est bel et bien le mieux placé, à quatre jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées, pour devenir le premier tricolore à monter sur le podium final depuis Richard Virenque en 1997. Julien Jurdie le consacre même comme «le plus fort dans les cols» après Nibali. A