Rein Taaramäe est un roi qui ne veut pas régner. L'équivalent d'un George VI dans l'histoire britannique, sauf qu'il n'est pas bègue et pas non plus britannique. En cyclisme, on appelle ça un «David Moncoutié», du nom de cet ex-grimpeur français, talent brut, qui a choisi de limiter son salaire dans les années 2000, plutôt que d'accepter un statut de leader - et les potions magiques qui allaient avec. Jusqu'en 2012, Moncoutié a été coéquipier de Taaramäe chez Cofidis. Le facteur du Lot a un peu déteint sur le coureur estonien : même attitude timide, même réputation de dilettante. «Chez Cofidis, on me laisse tranquille», a dit Taaramäe en 2010. Il justifiait ainsi son refus, à 23 ans, de rejoindre les grandes maisons étrangères et d'embrasser le rêve d'une victoire dans le Tour. Sacrifié. Parmi les «gros moteurs», «Taaramachine» reste un cas à part. «Très simple, très attachant, très humble», décrit Jean-Eudes Demaret. En 2012, l'Estonien s'est sacrifié pour faire gagner le GP de Tartu à cet équipier. Alors qu'il était le plus maousse du peloton et qu'il courait ce jour-là dans son pays. Déjà, chez les amateurs de la Roue d'Or, le club de Saint-Amand-Montrond (Cher), il avait le souci des autres, négligeant les séances de massage pour lui-même et suggérant que l'on cajolât en premier les moins forts de l'équipe.
Bien sûr, on évite les coquetteries quand on est un monstre de la lutte - le premier sport qu’il a pra