Le tonnerre de Zeus a cogné fort vendredi au pays du pécharmant et l’échappée du jour a foiré comme souvent en vue de l’arrivée à Bergerac (Dordogne). Mais alors que, en haut de la côte de Monbazillac, le valeureux Néerlandais Tom Jelte Slagter (Garmin) finissait un baroud perdu d’avance, son coéquipier Ramunas Navardauskas prenait l’air. Le peloton pensait à une rigolade, mais il ne l’a plus revu. D’habitude, les effrontés de son genre sont toujours repris et fouettés, comme un autre Garmin, Jack Bauer, avalé sur la ligne dimanche dernier à Nîmes, après 221 km d’échappée. Mais le Lituanien a vengé Bauer et prouvé qu’au pays de Cyrano, il avait du pif pour gagner seul, après 13 km en baroudeur des extrêmes.
Increvable. Pourtant jeudi, au sommet de Hautacam, alors qu'un lutin bienveillant lui glissait que «franchement, demain, c'est pour les baroudeurs comme toi», l'ancien pensionnaire du Vélo-Club La Pomme Marseille rétorquait : «Ça m'étonnerait, je suis défoncé ! J'ai failli abandonner dans le Tourmalet.» Sauf que l'increvable rouleur, souvent appelé en dernière minute sur les grandes courses par son équipe, s'était refait une santé dans la nuit. Comment ? En avalant plusieurs gamelles de garbure, arrosées de barriques d'un madiran tonifiant. Grâce à ce régime 100% pyrénéen, novateur mais agréé par l'UCI, l'ogre surnommé le «Honey Badger» (ratel, ou Zorille du Cap, sorte de blaireau agressif) chez Garmin s'est réveillé