Les championnats d'Europe d'athlétisme s'ouvrent ce mardi à Zurich, dans ce stade du Letzigrund qui a vu tomber 25 records du monde : s'il y a peu de chances d'en voir d'autres cette semaine (à l'exception de la hauteur homme), les Bleus devraient briller de mille feux sur les pistes suisses s'ils sont dans la droite ligne de leur saison. On s'est posé avec l'un d'eux, le coureur de 400 m Mame-Ibra Anne (24 ans) et 45" 44 sur le tour de piste (7e performance européenne en 2014), en piste mardi en série, pour qu'il décrive les ressorts d'un sport ingrat, où le moindre relâchement peut se payer des mois plus tard, et où l'athlète est souvent seul avec ses doutes et ses objectifs.
Le talent
«Au départ, je faisais du foot, mais ma mère m’a vite interdit le ballon parce que je faisais trop de bêtises à l’école. J’ai même arrêté le sport pendant deux ans. C’est mon professeur de sport qui m’a poussé à faire une compétition d’athlétisme, ce qui m’a conduit à prendre une licence en 2004, à 14 ans. Pourtant, je n’étais pas si fort que ça. C’était difficile de voir du potentiel dans ce que je faisais. En même temps, je prenais ça comme un loisir : un seul entraînement hebdomadaire, le McDo, le foot avec les potes… J’étais fainéant à la base. Mais, avec le temps, j’ai eu envie de voir mes chrono baisser. Sans être le plus doué, je suis devenu le plus bosseur, ou pas loin. J’ai réussi à évoluer physiquement. Mon premier entraîneur, Thomas L