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portrait

Stéphane Pion. Pagaie pas triste

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Ce kayakiste et vidéaste de 37 ans se double d’un explorateur goûtant les raids bien raides qui laissent le goût de l’extase.
Stéphane Pion. (Photo Nanda Gonzague. Transit)
publié le 13 août 2014 à 18h06

Stéphane Pion baigne dans l'univers du kayak depuis près de trente ans, il en a 37. Mais jamais, il n'avait passé autant de jours d'affilée à pagayer. Jamais non plus, il n'avait connu des conditions aussi rudes, des rapides aussi tumultueux, un froid aussi intense, une faim aussi dévorante. Aussi, quand il est revenu chez lui, à Sassenay, près de Chalon-sur-Saône, qu'il a retrouvé femme et enfants, le Bourguignon s'est dit : «Plus jamais !» Fin juin, près de deux ans plus tard, il est à Millau dans l'Aveyron où la coupe du monde de kayak freestyle fait étape, et présente Alone on the River, le film qu'il a réalisé durant cette expédition hors normes au Népal. Avec quatre autres «riders» - un Suisse, un Français, un Italien et un Tchèque, âgés de 22 à 50 ans -, issus comme lui de l'élite du kayak extrême, il est parti en octobre 2012 pour le Haut Dolpo. Une contrée sauvage, isolée, dans l'ouest du pays. Là, ils ont entrepris l'un des voyages les plus longs et les plus engagés jamais tentés en kayak. Neuf jours de marche à partir de Jomsom pour rallier la source de la Langu Khola, à 4 530 mètres d'altitude. Dix-neuf jours de navigation pour rejoindre la rivière Karnali et descendre jusqu'à Chisapani, près de la frontière avec l'Inde. Soit 550 kilomètres de descente et 4 400 mètres de dénivelé. Soit aussi trente jours en autonomie au cœur de l'Himalaya et loin de tout secours. Une expédition aux multiples écueils.

Le froid d'abord, glacial et usant. «J'ava