Herbert Nitsch est un moyen format. Au jugé, 1,80 m (en réalité 1,86), 75 kilos (juste). Tout ça en chemisette blanche sur jean, rien de transcendant. Son regard en revanche, cloue. Deux calots noirs abyssaux, très calmes, très fixants, grâce auxquels on le repère illico dans le restaurant du rendez-vous, à Vienne, où il vit depuis toujours. Ajoutés à sa boule à zéro, les calots font, à ce fils de banquier, une tête d'action hero. Ce qu'il était, avant. Ce qu'il demeure, au fond. Bien qu'il reste du côté droit empêché, entravé, ce qui se voit quand il se déplace. Patte un peu folle, marche un brin robocopique. On se dit alors que ce gars-là a un putain de mental, qui l'exclura toujours du camp des plaintifs. Qui ne doivent pas être sa tasse de thé, d'ailleurs. Mais il est possible qu'on se trompe. Herbert Nitsch est surprenant.
Herbert Nitsch revient de loin. Le 6 juin 2012, il était donné pour fichu, potentiellement légume. La faute à un AVC, en pleine mer. Alors qu'il était en train de battre au large de Santorin (Grèce) le record du monde de plongée en apnée «no limit» (avec une gueuse lestée), après une descente à 253,2 m, l'Autrichien s'est évanoui pendant sa remontée. Il en a raté l'indispensable palier de décompression. Il a eu beau, semi-inconscient, replonger illico dans un réflexe de survie, l'afflux massif d'azote a fait son big bang qu'un coma artificiel n'a pu que limiter. Il concède, impassible, hypnotique : «Oui, je suis passé par des moments très