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Libération
Portrait

Laure Manaudou, sans écailles

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A 27 ans, la sirène triomphale aux amours à découvert rhabille ses reconversions en toute franchise frontale.
(Photo Olivier Monge. Myope)
publié le 5 octobre 2014 à 17h26

A la voir boitiller dans son jardin, on pourrait bêtement l’envisager sirène claudiquante qu’écaille le temps qui passe, héroïne des piscines mettant des béquilles à ses faveurs enfuies, sportive glamour à la reconversion à cloche-pied. Tout faux !

Jambe cassée. Laure Manaudou a juste fait une chute de scooter. Elle a le pied fracturé, le mollet bandé et la cuisse bleuie. Cheveux dégagés sur un front haut, tunique légère et short en jean, elle en sourit comme d'une mauvaise blague. Quand elle sourit, la timide qui se soigne resplendit d'une fraîcheur adolescente qui laisse pantois ceux qui l'imaginaient écervelée ingérable perdue dans ses sombres nuées, diva dévastatrice tirant le rideau en Garbo ou petit cœur de beurre tout mou à ramasser à la cuillère. Jean-François Salessy, son agent, explique cet allant ouvert en grand quand on la craignait rétive : «Laure ne biaise jamais. Elle est binaire. C'est tout ou rien. Quand elle a décidé de donner, elle donne. C'est une instinctive qui avance sans se retourner.»

Femme (d')aujourd'hui. Elle réside à Marseille dans une maison moderne. Il y a un gros 4x4 noir devant l'entrée et une petite piscine qui sert de pataugeoire à Manon, sa fille, qui vient d'entrer «en moyenne section de maternelle». La nageuse vient de mettre à l'hivernage son talent phénoménal. A 27 ans, elle a passé la moitié de sa vie à compter les carreaux de faïence au fond des bassins. Elle est l'une des premières en France