«Soyez insatiables, soyez fous !» L’injonction de Steve Jobs, Yvan Bourgnon pourrait la revendiquer. Car sous ses dehors d’épicurien sucré au rhum, il cache un pugnace assez barré qui carbure à l’adrénaline. Il est parti pour un tour du monde sur un catamaran sans cabine à peine plus long qu’un Hobie Cat. Cinq tempêtes, deux chavirages et un naufrage n’ont pas eu raison de sa bonne humeur. S’il s’est échoué au trois quarts du parcours et cherche des fonds pour boucler la boucle, le sinistré affiche une mine resplendissante et avoue quelques kilos en trop : «Après le régime lyophilisé, l’attrait des bonnes bouffes.» Barbe de trois jours salée poivrée, jeans noir et chemise bleu pâle, Bourgnon promène sa décontraction sur les plateaux télé, va nus pieds, pose sans chichis et se livre sans fard.
Volontaire, le naufragé. On est le 31 juillet. Depuis le départ de Bali, la mousson œuvre en noir. Epuisé, Bourgnon décide de se dérouter sur le Sri Lanka. A l'approche du port, les hallucinations s'invitent à la noce. De toute urgence, il faut brancher le pilote automatique, et dormir quelques minutes, cerveau sur reset. Bug électronique ? Erreur humaine ? Toujours est-il que de nuit, par une brise de demoiselle du Léman, le catamaran se retrouve dans les rouleaux. Les rochers démantibulent l'embarcation, cisaillent le beau rêve. Mais le cabochard a la vie sauve et entend repartir en janvier 2015.
Atavisme. 1970. Lassés de leur activité de boulangers à