Menu
Libération
Portrait

Sidney Gavignet, guerrier pacifique

Article réservé aux abonnés
Rhum, course ouverte (2/8). A 46 ans, ce skippeur d’expérience aborde la transat détaché mais concentré.
Sidney Gavignet, 46 ans: «Sur le bateau, je suis une machine de course comme les autres.» (Photo Isabelle Rimbert)
publié le 26 octobre 2014 à 18h26

«Mais à quoi ça sert tout ça ? Plus ça va, moins je trouve que le résultat est important et qu'il y a un côté bidon !» Sidney Gavignet, skippeur de Musandan-Oman Sail, un des trois MOD70 inscrit à cette dixième Route du rhum dans la catégorie «Ultime» , surprend dans son approche existentialiste de skippeur de course au large.

sans monture. Ce bel homme de 46 ans, élevé à Annecy et expédié faire ses classes onze mois à l'Ecole en bateau, à 14 ans, vit un vrai déchirement. Marin chevronné, reconnu du monde anglo-saxon grâce à ses quatre tours du monde en équipage mais torturé par le rôle qu'il doit tenir actuellement, partagé entre ce bateau qui l'emmène vers sa liberté tout en l'enfermant dans un spectacle incontrôlable. «En fait, je suis entré dans la deuxième étape de ma vie, affirme-t-il. La première fois, j'avais 14 ans. Mon père m'avait placé dans une association post-soixante-huitarde. C'est là que j'ai commencé à me fixer des objectifs. Là où j'ai compris que j'étais le moteur de ma propre vie. Aujourd'hui, elle est tellement belle parce que j'en profite mieux, mais vivement la troisième marche, même si j'ignore où elle m'emmènera.»

L'énorme machine médiatique de la Route du rhum refaçonne tout sur son passage. Sidney Gavignet le sait. «Sportivement, ce ne sont pas les JO non plus, alors je relativise. Le résultat n'a aucune importance. Et depuis que je vois les choses comme ça, je suis plus p