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Portrait

Francis Joyon, plus d’un record à son art

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Route du Rhum 2022dossier
Rhum, course ouverte (8/8). Le plus artisanal des skippeurs est un adversaire redouté.
Francis Joyon, détenteur du record du tour du monde en solitaire, affirme «bien s'entendre avec son bateau», beaucoup plus dépouillé que celui de ses adversaires. (Photo Jean-Sébastien Evrard. AFP)
publié le 2 novembre 2014 à 19h56

Des mains grandes comme des battoirs, une réputation de taiseux dans laquelle il se réfugie sans retenue, Francis Joyon n'est pas un marin comme les autres. Dur au mal, Joyon, 58 ans, parle d'une voix douce et posée, montrant une tranquillité inaccessible. Sur son grand trimaran rouge Idec Sport, son frère et son fils sont venus lui donner un dernier coup de main avant qu'il ne s'élance dimanche dans sa sixième Route du rhum.

Pas de team technique comme les autres bateaux, pas de gadgets sophistiqués à bord. Juste le strict minimum, sobre et efficace. «J'ai déjà travaillé il y a longtemps avec une équipe professionnelle, dit-il. Les gars savaient tout mieux que moi : c'est un peu agaçant parce qu'on ne progresse pas beaucoup. Là, j'ai été obligé de me mettre à tout : l'informatique, par exemple. J'ai eu beaucoup de mal. Et des choses bien plus ingrates encore.»

Indépendant. Joyon est un personnage d'un autre temps, un roc inusable, un autodidacte patenté. En 1990, pour sa première participation, il se présente à Saint-Malo avec un trimaran étrange, issu de la récupération de bouts de multicoques abandonnés ici et là. Le règlement de l'époque limite la taille des multicoques à 18,28 mètres mais accorde une dérogation à 20,80 mètres si le bateau est ancien. Or, les organisateurs changent d'avis quelques jours avant le départ en supprimant cette exception. Qu'importe : Joyon attrape une scie sauteuse, tail