La sensation de l’air frais et piquant sur ses jambes nues lui manque. Mais on ne l’apprend qu’au détour d’une conversation. La belle jeune femme n’est pas du style à se plaindre. A 41 ans, Vanessa François préfère arborer un sourire immense, entrecouper ses phrases d’un rire pirouette enfantin ou d’un clin d’œil azur sous frange blonde. Dans le film présenté aux Rencontres du cinéma de montagne à Grenoble, on la voit reconquérir la liberté qu’on ressent en gravissant une montagne, en dormant lovée dans un sac de couchage et suspendue dans la paroi. Le film retrace l’expédition réalisée il y a un an en Californie. Cette ascension d’El Capitan, «hot spot» de la grimpe est l’aboutissement de deux années d’entraînement. Rien n’est simple quand on est une alpiniste chevronnée, qu’on a réalisé la face nord de l’Eiger, la directe américaine des Drus, une première féminine dans les Grandes Jorasses, mais qu’on est désormais privée de l’usage de ses jambes.
C'était le 29 avril 2010, «une journée de grand beau» et «l'envie de retrouver le granit de Chamonix après la saison de glisse», relate l'alpiniste sur son blog. Avec deux amis, elle entame l'escalade d'une voie sans difficulté dans la face sud de l'Aiguille du Midi, lorsqu'elle ressent «un choc énorme», un «flash de douleur». Un bloc de neige compactée plaque son dos contre la paroi, l'écrase contre le rocher. Ses compagnons de cordée voient ses fractures ouvertes. Elle, qui est infirmière, com