Menu
Libération
Portrait

Tikhonov, extinction d’un ours colère

Article réservé aux abonnés
Le légendaire entraîneur-tyran de l’équipe russe de hockey sur glace est mort lundi à 84 ans.
publié le 25 novembre 2014 à 19h26

Dix ans après la mort du directeur musical de l’orchestre philharmonique de Cleveland George Szell, ses anciens musiciens s’étaient réunis, revêtant leur frac de concert pour… savourer une coupe de champagne ensemble, fêtant ainsi la détestation d’un chef d’orchestre considéré par eux comme un être exécrable et un tyran. Tyran dont le legs musical comprend pourtant d’innombrables merveilles et qui fit de l’orchestre l’un des meilleurs du monde au fil des vingt-quatre années de son règne intransigeant.

On ne sait pas comment les joueurs de hockey sur glace soviétiques fêteront, dans dix ans, la disparition de leur mentor mort lundi à 84 ans : l'entraîneur et sélectionneur Viktor Tikhonov, mythe glacé de son sport dont le palmarès n'a aucun équivalent dans l'histoire du XXe siècle ; sept titres mondiaux, trois tournois olympiques et toutes (!) les Coupes d'Europe des clubs champions avec le CSKA Moscou entre 1979 et 1990.

Glasnost. Ce qu'on peut dire, c'est que Tikhonov a été servi de son vivant, et plutôt deux fois qu'une. Le Moscovite de naissance a dû survivre à une série de mutineries ayant toujours trait à son autoritarisme et la violence de son management. Le coup le plus fameux lui fut porté en octobre 1988 par l'attaquant international Igor Larionov (le «L» du fameux «KLM» pour Krutov, Larionov et Makarov, la plus belle ligne d'attaque à avoir jamais glissé sur une patinoire). Grisé par la glasnost, il publia une lettre ou